Lorsque j'était une oeuvre d'ar
La demeure de Zeus-Peter Lama, située sur une île, est somptueuse et extravagante, à l’image de celui qui l’occupe. Avec l’aide d’un médecin, le créateur va modeler Firelli jusqu’à en faire un objet de curiosité. Unaniment salué par le milieu artistique, trimballé aux quatre coins du monde, Adam bis devient la marotte des férus d’art contemporain. Le seul détail que l’auteur n’a pas prévu est que, même devenue sujet de toutes les admirations, cette "statue vivante" a conservé la faculté de penser, de réfléchir et de parler.
Longue réflexion sur l’art contemporain, ce roman soulève également une éternelle question philosophique. Un individu instrumentalisé et manipulé garde-t-il un soupçon de conscience ? Aux yeux de son créateur, Adam bis incarne une œuvre incontournable, inégalable, majestueuse, qui demeure son objet. Firelli, dont l’esprit reste alerte, se sent "humain" avant tout, approuve cette conception artistique jusqu’au moment où il prend véritablement conscience de ne servir que la notoriété de celui qu’il considère comme son "bienfaiteur". En réalité, c’est parce que cette oeuvre est choquante qu’on l’admire, c’est parce que le public fait de la surenchère dans l’ignoble qu’Adam bis a un tel succès. Le corps, aussi idéalement sculpté soit-il, doit-il prendre le pas sur l’esprit ?
Schmitt s’interroge sur la société de l’apparence et de l’image dans laquelle priment l’éphémère, le voyeurisme et le matérialisme. Son message se veut sans ambiguïtés. Comme le personnage d’Hannibal, le peintre aveugle et misérable capable de transcrire sur une toile le bonheur que lui procure le souffle du vent, l’art ne doit