Léon xiii encyclique immortale dei
Le texte ci-présent est extrait de l’encyclique Immortale Dei, encyclique rédigée en 1885 par le pape Léon XIII. Léon XIII succède au pape Pie IX dont le règne fut marqué par les bouleversements nationalistes européens et la progressive contestation de l’action de l’Eglise au sein des Etats. Bismarck avec le Kulturkampf en Allemagne, la IIIème République et les lois Ferry en France ont pour corollaire la mise à l’écart de l’Eglise du pouvoir politique. Léon XIII écrit donc cette encyclique en réaction à cet affaiblissement de l’autorité de Rome et prône ici l’établissement de ce qu’il nomme « ordre social chrétien ». Le sous titre de l’encyclique par ailleurs « constitution chrétienne des Etats ». Il s’agit ici de promouvoir un modèle politique chrétien, afin de contrer la propagation d’un « droit nouveau » issu de la philosophie du XVIème siècle et des bouleversements politiques du XVIIIème siècle, qui se démarque du droit chrétien et du droit naturel et qui caractérise les nouvelles constitutions politiques des Etats Européens de la fin du XIXème siècle. C’est pourquoi Léon XIII dans Immortale Dei va « confronter les nouvelles théories sociales avec la doctrine chrétienne », doctrine qui présente la société de l’Eglise comme une société parfaite. Ainsi, en quoi le modèle politique chrétien promu par Léon XIII s’oppose-t-il aux sociétés européennes fondées sur le droit nouveau ? Selon la forme de l’extrait, je diviserai mon exposé en deux parties. Tout d’abord, je mettrai en lumière la vision doctrinale de Léon XIII sur les rapports entre Eglise et Etat. Ensuite, nous verrons comment cette doctrine s’oppose aux tournant libéral pris par les sociétés européennes en cette fin de XIX ème siècle.
1) « L’Eglise, société parfaite » Roland Minnerath : la doctrine chrétienne de la suprématie de l’Eglise sur l’Etat La société de l’Eglise comme société parfaite Il s’agit de la doctrine de la société