C’est à Paris où les parents de Malbranche étaient montés, en 1802, occuper une boutique de perruquier dans le passage des panoramas que les dispositions de leur fils commencèrent à être remarquées. Dès l’âge de douze à treize ans, Malbranche manifestait un goût passionné pour le dessin : sur les dalles, sur les murs du passage, il charbonnait ou crayonnait, quand il avait du crayon, des lignes et des figures qui attestaient chez lui une intelligence instinctive de l’art qu’il cultiva depuis. À cette époque, Prévôt, le peintre des panoramas, étonné du sentiment que Malbranche mettait en cherchant à rendre tout ce qui frappait son imagination, s’intéressa à lui, et offrit à ses parents de le prendre pour élève. Mais les bonnes dispositions de l’artiste rencontrèrent un obstacle auquel il ne devait pas s’attendre : le père de Malbranche refusa net la proposition. Selon lui, son fils devait rester coiffeur, et il ne fallut, pour le déterminer à céder, rien moins qu’une année de ses loyers en arrière, et l’offre généreuse que fit M. Terre, propriétaire des panoramas et du passage, de donner une quittance en échange de l’enfant. À ces conditions, Malbranche entra au panorama et, quoique âgé seulement de quatorze ans et demi, guidé par Prévôt, il y fit de rapides progrès. Le premier panorama auquel Malbranche coopéra comme peintre, fut celui de Wagram. Vinrent ensuite ceux de Tiltitt, Anvers, etc.
Pendant que se développait le talent de Malbranche, la pauvreté de sa famille augmentait, à tel point qu’elle ne compta bientôt plus que sur lui pour vivre. Ce fut probablement cette circonstance qui la fit se refuser au projet, qu’avait formé Prévôt, de l’emmener dans son voyage en Grèce : ce fut surtout cette pénurie qui entrava l’instruction du jeune peintre ; car dans les intervalles d’un panorama à un autre, bien que travaillant dans l’atelier du peintre d’histoire Bergeret, Malbranche était contraint, pour satisfaire aux besoins de ses parents, de dessiner pour le