LA DISCRIMINATION POSITIVE : UNE PRESENTATION La « discrimination positive » est un principe : il s’agit d’instituer des inégalités pour promouvoir l’égalité, en accordant à certains un traitement préférentiel. On espère de la sorte rétablir une égalité des chances compromise par deux phénomènes : la généralisation ou la persistance de pratiques racistes ou sexistes d’une part, une accentuation des inégalités socio-économiques d’autre part. Selon que l’on se trouve dans le premier ou le second cas, la mise en œuvre des politiques de discrimination positive obéira à deux logiques très différentes : quand il s’agira de résorber des pratiques racistes ou sexistes, cela nécessitera la définition d’une « population-cible » à partir de traits innés et indélébiles, appartenant à l’identité de l’individu (le sexe et la race aux Etats-Unis, le sexe et l’origine étrangère en France) ; en revanche, quand il s’agira de réduire des inégalités socio-économiques, la définition des bénéficiaires passera par le critère de leur situation socio-économique. Il y a donc deux formes de discrimination positive à ne pas confondre.
I/ La « discrimination positive » comme instrument de lutte contre les pratiques racistes et sexistes La « discrimination positive » est un problème propre aux « sociétés polyethniques » Le problème de la discrimination positive se pose aujourd’hui de manière accrue parce que nous vivons dans des sociétés de plus en plus diverses sur le plan ethnoculturel. C’est là une problématique que l’on regroupe sous les termes fourre-tout de « multiculturalisme » ou de « justice ethnoculturelle ». Pour commencer, sans doute faut-il rappeler une distinction fondamentale entre « sociétés multinationales » et « sociétés polyethniques ». Une société « multinationale » est une société dans laquelle coexistent, à l’intérieur d’un Etat donné, plusieurs nations. Dans ce cas, c’est l’incorporation, volontaire ou non (par constitution d’une fédération ou par un