a fréquentation des auteurs anciens à travers les manuscrits apportés en Italie par les Grecs développe dès le XVème siècle l'étude des humaniores litterae (ces lettres qui rendent plus humain) que les Romains opposaient aux diviniores litterae (lettres divines) : ces "lettres humaines", ou "humanités", longtemps mises sous le boisseau par l'Église, rassemblent les connaissances profanes dont l'homme est le centre. « Faire ses humanités » signifiera longtemps étudier les auteurs grecs et latins et s'employer à les traduire et à les commenter. Mais ce travail de traduction et d'exégèse qui, appliqué à l'Écriture sainte, fortifie l'évangélisme , ne pouvait manquer d'inspirer aussi tous les espoirs de progrès que devaient permettre l'esprit d'examen et l'expérimentation scientifique. C'est ce deuxième sens que privilégiera le mot "humanisme", à partir du XIXème siècle, en désignant une confiance exaltée dans les facultés humaines, qu'à vrai dire la Renaissance, ensanglantée par les luttes religieuses, mettra vite à mal. Le corpus que nous présentons souhaite évoquer ces aspects en quatre textes qui pourront faire l'objet de questions destinées à la lecture analytique ou au commentaire. 1. « Faire ses humanités » C'est tout naturellement autour de l'éducation que se rejoignent d'abord les humanistes, soucieux de la débarrasser du psittacisme scolastique et de l'ouvrir aux nouvelles branches du savoir. On appréciera dans le texte ci-dessous l'ampleur du programme auquel Gargantua invite son fils, comme à un festin d'où devrait sortir un homme nouveau. 2. « Un homme réellement expert et rompu à la pratique » Avant les rationalistes et les encyclopédistes, les humanistes ont été soucieux de