Numero17
(n° 17, 2007, 275 pages)
La folie de Dieu est supérieure à la sagesse des hommes
(Saint Paul)
C’est bien là de la folie, mais qui ne manque pas de méthode !
(Though this be madness, yet there is method in it)
(Shakespeare, Hamlet, 2.2.203)
Folie. Mot commode et trompeur pour tenter de désigner – ou plutôt d’évoquer – (furtivement, vaguement, dans un raccourci rassurant) l’innommable qui fait peur, l’indécidable qui déconcerte, la réalité – ou l’irréalité ?
– qui fuit et échappe au connu, au routinier, au banal, au compréhensible facile.
« Qu’est donc la folie ? » s’interroge Polonius à propos de Hamlet. Et il propose, avec assurance, portant diagnostic sur le cas du jeune prince, cette définition qui ne nous avance guère : « Votre noble fils est fou. / Oui, je puis dire fou puisque, à la bien définir, / Qu’est donc la folie si ce n’est rien d’autre que de n’être rien que fou » (2.2.92-94). Cette définition, donc, ne nous avance guère, avons-nous dit – encore que, en ramenant la maladie au malade, c’est-à-dire en refusant de réduire le malade à sa maladie, bref, en passant de l’abstrait au concret, on évite sans doute le terrible écueil des généralisations oiseuses. Le Grand Robert de la langue française, plus explicite, certes, et soucieux de nous éclairer sur cet état obscur de la conscience et ses manifestations multiples – qui évoquent forcément pour le commun le désordre et la confusion et lui paraissent marquer la frontière qui sépare la norme de la marge –, explique avec assurément beaucoup d’à-propos, chaque nouveau terme de la définition semblant apporter une plus grande précision : « trouble mental ; dérèglement, égarement de l’esprit ». Dans un souci de cohérence – comment le lui reprocher quand il est question de folie ? –, il rapproche ce terme de « aliénation, délire, démence, déséquilibre (mental) ». On est renvoyé à d’autres termes tels que maladie mentale, névrose, psychose. Puis sont distinguées diverses formes de folie,