Peut on en ce cultivant échapper a la barbarie ?
Introduction : ²
Dans son roman à succès, les Bienveillantes, Jonahtan Littell met en scène un officier nazi cultivé, et nous savions déjà que de la musique classique fut jouée dans les camps de la mort. Vercors, dans le silence de la mer, présente également un officier allemand, pétri de littérature français, qui essaye de se faire accepter par une famille contrainte de l’accueillir. Ces exemples sont choquants. Il semble indéniable que la connaissance et le goût pour de très hautes œuvres de l’esprit n’empêche nullement de se conduire de façon violente, voire atroce. Il est alors envisageable de répondre immédiatement que la culture ne permet pas d’échapper à la barbarie, et même qu’elle la provoque en suscitant des haines entre les nations. (Pire encore, la culture, dans certains cas, perfectionne, aiguillonne et raffine de plus en plus la barbarie pour la rend plus atroce). Cette réalité demande, néanmoins à être analysée. S’il ne faut pas surévaluer le pouvoir de la culture, il reste nécessaire de préciser ses relations à la barbarie, en commençant par étudier le sens de ses termes. Ils apparaissent immédiatement comme des opposés. N’est-ce pas le signe d’une liaison interne qui demande des éclaircissements ? Si la culture se définit contre la barbarie, mais à partir d’elle, peut-elle échapper à ce dont elle provient ? 1. Les raisons d’une opposition
A- Barbarie et culture.
Par définition, culture et barbarie sont des termes opposés. Barbarie désigne tout d’abord un état de grossièreté. On appelle « barbares » des meurs rudes, des manières brutales d’obtenir ce que l’on désire. Cette rudesse témoigne d’un manque général de jugement. Un homme cultivé est capable d’apprécier la diversité des situations et d’y trouver la réponse appropriée. Par exemple, il fait preuve de tact dans ses relations avec les autres. Il les traite avec ménagement, en employant les tournures requises. Ses paroles sont