Robert castel, l'insécurité sociale.
Robert Castel est actuellement directeur d’études à l’EHESS (Ecole des hautes études en sciences sociales) et directeur du CEMS (Centre d’étude des mouvements sociaux). Il a d’abord travaillé sur l’institutionnalisation du traitement social de la folie : Le psychanalysme (Maspero, 1973) ; L’ordre psychiatrique (Minuit, 1976) ; La gestion des risques (Minuit, 1981), etc. Puis, il se penche sur le cadre théorique marxiste structuré autour de l’opposition binaire « centre/périphérie », en mettant en évidence les degrés qui mènent de l’un à l’autre, tenant à appréhender le « continuum » des situations sociales à partir de l’institution qui lui est apparue comme le levier de la structuration sociale : le travail, ce qui donne en 1995 Les métamorphoses de la question sociale (Fayard). Les notions de vulnérabilité, de désaffiliation et de fragilisation deviennent alors centrales, pour penser la façon dont l’individu peut être supporté dans sa vie par des institutions. Sa réflexion se poursuit notamment par la parution en 2001, avec la participation de C. Haroche, de Propriété privée, propriété sociale, propriété de soi (Fayard). Son dernier ouvrage paru en 2003, intitulé L’insécurité sociale, revient sur les notions de risque, de béquilles de la sécurité d’un individu, tant civile que sociale.
Quand l’on regarde avec attention la société, l’on s’aperçoit qu’il existe deux types de protections : celle « civile » garantissant les libertés fondamentales et assurant la sécurité des biens et des personnes (dans le cadre de l’Etat de droit), et celle « sociale » qui couvre les principaux risques susceptibles d’entraîner une dégradation de la situation des individus (accident, maladie, etc.).
Aujourd’hui nos sociétés dites développées bénéficient de cette double protection. Pourtant, dès qu’il y a protection sans que cela soit poussé dans l’exagération alors la population ressent quand même un sentiment d’insécurité car elle assimile le