Suis-je le mieux placé pour me connaître ?
Aux premiers abors, on pourrait croire que l'on sait tout de soi, que, puisque je suis le sujet, j'en ai une connaissance totale. Mais suis-je le mieux placé pour me connaître? « Mieux placé » signifie être à la meilleure place spatiale, être au meilleur endroit. Donc finalement, qui est mieux placé que moi pour me connaître ? J'ai en effet une place toute privilégiée puisque je suis « moi ». Seulement, « connaître » introduit les notions de savoir, de connaissance, notions qui reposent finalement sur l'objectivité. Ainsi, cette place privilégiée que j'occupe ne pourrait-elle pas être source d'une mauvaise analyse, d'une analyse un peu trop subjective ? Un problème se pose alors : est-ce que la place que j'occupe n'est-elle pas justement un frein dans la connaissance de soi ? Le sujet peut-il à la fois observer et être observé ?
Dans un premier lieu, nous allons voir que je suis effectivement le mieux placé pour me connaître car seul moi ai accès à mes pensées, mes sens et donc mon intimité. Puis, dans un second temps, qu'une connaissance de soi totale et objective est très difficile, voire impossible à acquérir uniquement par soi-même. Enfin, nous allons voir que la connaissance de soi est l'aboutissement de plusieurs facteurs indispensables.
De prime à bord, on pense souvent être le mieux placé pour se connaître. Selon Locke, ce qui fait notre identité c'est notre conscience. L'homme est une « chose pensante », chaque homme possède une conscience qui lui est propre. Ainsi, en tant qu'humain, ma pensée est unique, c'est mon « intimité » et elle est impénétrable. Personne d'autre que moi ne peut savoir (si je ne le dis pas explicitement) à quoi je pense, quels sont mes désirs ou encore mes sentiments. Mais la pensée inclue tous les contenus de conscience, dont les perceptions (le toucher, le goût, l'odorat..). Je suis donc également le seul à connaître mes sens, ce qu'il se passe en moi :