Alors que l’unité socialiste prend forme, avec notamment la naissance de la SFIO au congrès d’Amsterdam de 1905, la CGT, fondée en 1895 au congrès de Limoges mais qui n’est totalement viabilisée qu’en 1902, lorsqu’elle fusionne avec la Fédération des Bourses du Travail au congrès d’Alger, revendique un syndicalisme d’action directe - avec, comme méthode d’action politique et sociale, la grève générale - et prône, déjà avant la création de la SFIO, son indépendance par rapport au Parti socialiste. La SFIO, aux mains des anciens leaders du Parti socialiste, Guesde et Vaillant, vit dès ses débuts des divisions internes qui reposent principalement sur la conception du syndicalisme et son rapport au parti. Ainsi, Stéphane Sirot, docteur en histoire et professeur à l’université de Cergy-Pontoise, dans son article SFIO, syndicalisme et luttes ouvrières (1905-1914) : des relations problématiques et volontiers distendues, portant donc sur la période qui débute à la naissance de la SFIO et qui se termine à la veille de la Première Guerre mondiale, pose les problèmes suivants : est-ce que les syndicats doivent être subordonnés à la doctrine socialiste, donc existés comme relais de l’action ouvrière, ou est-ce qu’ils sont en mesure de construire de manière autonome une action ouvrière et révolutionnaire ? Si les syndicats s’autonomisent, comment évolue l’implication du parti dans les conflits du travail ? Comment s’explique l’affaiblissement du lien entre le syndicalisme « révolutionnaire » et la forme partisane du mouvement socialiste ? Dès lors, dans l’obligatoire « coexistence » des deux organisations politiques, comment s’organise la lutte ouvrière