Zone d'incertitude, (michel croizier)
(Erhard Friedberg)
On emploie le terme « source d’incertitude organisationnelle» pour désigner les problèmes qui conditionnent le bon fonctionnement d’une organisation et qui confèrent du pouvoir à celui ou à ceux qui les contrôlent face à d’autres acteurs dont la tâche dépend de ce contrôle. La notion de « source (ou zone) d’incertitude organisationnelle » a été introduite par Michel Crozier dans son analyse de la bureaucratie, et reprise ensuite comme une notion centrale dans «l’analyse stratégique des organisations» développée au Centre de sociologie des organisations.
Prenons l’exemple, aujourd’hui classique, analysé par M. Crozier au sein des ateliers du SEITA.
Chaque panne de machine perturbe la production. Les ouvrières qui travaillent sur ces machines doivent assurer des normes de production. Elles dépendent donc des ouvriers d’entretien (les mécaniciens), seuls capables et seuls habilités à intervenir sur les machines, en cas de panne ou pour l’entretien. Les mécaniciens contrôlent une source d’incertitude organisationnelle — la durée et la fréquence des pannes — face aux ouvrières, et ce contrôle les place dans une situation favorable à la négociation. Les ouvrières pourront d’autant mieux faire face à leurs tâches qu'ils auront bien entretenu et bien réparé les machines. Elles ont donc intérêt à ne pas les contrarier !
L’incertitude est omniprésente dans les organisations comme dans tout ensemble humain. Pour qu’elle devienne source d’incertitude organisationnelleau sens de l’analyse stratégique, il faut qu’un membre de cet ensemble humain soit capable de maîtriser la source de l’incertitude, et, aussi, d’utiliser cette maîtrise comme une ressource dans ses relations avec ceux qui en bénéficient.
Voici un exemple simple.
Imaginons un village, dans des temps reculés, habités par des villageois convaincus de la capacité d’un des leurs (magicien, sorcier...) à faire venir la pluie. Cette