L'oeuvre noire -approche d'un roman
Le titre du roman
Le terme œuvre au noir désigne en alchimie la première des trois phases dont l'accomplissement est nécessaire pour achever le magnum opus. En effet, selon la tradition, l'alchimiste doit successivement mener à bien l'œuvre au noir, au blanc, et enfin au rouge afin de pouvoir accomplir la transmutation du plomb en or, d'obtenir la pierre philosophale ou de produire la panacée.
Yourcenar commente ainsi à ce sujet: La formule L'Œuvre au noir, donnée comme titre au présent livre, désigne dans les traités alchimiques la phase de séparation et de dissolution de la substance qui était, dit-on, la part la plus difficile du Grand Œuvre. On discute encore si cette expression s'appliquait à d'audacieuses expériences sur la matière elle-même ou s'entendait symboliquement des épreuves de l'esprit se libérant des routines et des préjugés. Sans doute a-t-elle signifié tour à tour ou à la fois l'un et l'autre.[1]
L'histoire
Personnage imaginaire d'humaniste, Zénon Ligre, homme de la Renaissance, est à la fois un philosophe, un médecin et un alchimiste qui a beaucoup appris au cours d'une vie errante. Ses activités scientifiques, ses publications ainsi que son esprit critique indisposent l'Église. Réfugié à Bruges sous un faux nom, il sera enfermé dans une prison de l'Inquisition où il se suicidera. Le récit se compose de trois parties : La vie errante - La vie immobile - La prison. Zénon symbolise l'homme qui cherche - mais également ne peut taire - la vérité, au milieu de ses contemporains dont certains le comprennent et d'autres non. Il y perdra sa liberté, puis sa vie.
La fin du personnage (refus de rétractation) n'est pas sans rapport avec celle de Giordano Bruno.
Portée de l'œuvre
L'Œuvre au Noir peut être vue comme le pendant médiéval des Mémoires d'Hadrien, le roman le plus célèbre de Marguerite Yourcenar. Ces deux romans ont en effet comme point commun de présenter les réflexions de deux hommes, bien qu'assez