L'écrevisse et sa fille
Fable X, livre XII, Jean de la Fontaine
« Si les fables ne sont pas ce qu’elles semblent être » c’est qu’elles jouent sur les apparences. Ce procédé peut s’appliquer à la plupart des fables écrites par Jean de la Fontaine, et « L’Ecrevisse et sa fille » en est un parfait exemple. Écrite au cours du XVIIe siècle, le fabuliste s’inspire d’une autre fable plus ancienne : « L’Ecrevisse et sa mère » d’Esope. Mais Jean de la Fontaine vient étayer son texte avec d’autres éléments. Cela donne un récit composé en vers, un peu plus long, qui traite de la figure d’une écrevisse de façon surprenante. Elle va jouer un rôle politique et social. La morale, quant à elle, se dédouble et semble se contredire. Les apparences apparaissent clairement trompeuses. C’est pourquoi il est nécessaire de mener une réflexion sur le degré de la réalité de cette fable et de l’illusion engendrée par cette réalité car elle se présente comme un tableau en trompe-l’œil. Le texte débute ainsi par un éloge fait au roi Louis XIV. Le fabuliste introduit progressivement une ambigüité avant de déboucher sur la question du triomphe de l’art de la nature.
***
L’écrevisse et sa fille est une fable destinée au duc de Bourgogne qui n’est autre que le petit de Louis XIV. C’est une des raisons pour laquelle on retrouve la figure du roi. Cette fable revêt le style d’un éloge. D’un point de vue rhétorique, la fable se construit autour d’un discours démonstratif. La terminaison de la majorité des verbes en témoigne (vers.2 : « marchent » ; « envisagent » etc.). Le texte est écrit principalement au présent.
Un des personnages importants dans la fable auquel le « le fabuliste » fait référence est bien Louis XIV. Il l’illustre lors de son opposition face à « la ligne à cent têtes » (vers.9), à savoir la Ligue d’Augsbourg. Jean de la Fontaine compare le roi à un conquérant ou à Jupiter, le père des dieux romains. Il est présenté par le fabuliste comme seul centre tous aux vers 9 et 15.