L amour est il une bonne raison d agir
« Celui qui croyait au ciel
Celui qui n’y croyait pasTous les deux étaient fidèlesDes lèvres du coeur des brasEt tous les deux disaient qu’elleVive et qui vivra verra »
Louis Aragon dans “La rose et le réséda” semble cristalliser l’ambiguité même de l’amour, tandis que deux soldats amoureux transis d’une France personnifiée s’apprêtent à se sacrifier pour sa vie ; l’amour est créateur d’agir, il pousse vers son objet, pousse à l’action, mais cette dernière si elle tend à être sublime peut tout aussi bien être destructrice – pour soi et pour autrui. Son amour pour la France mènera l’un des soldat à la mort, mais la raison en est belle. Mais à l’inverse, celui qui tue son amant par amour pour lui est-il tout aussi louable, ne sera-t-il pas plutôt considéré comme fou ? L’amour est-il une bonne raison d’agir ?
L’amour est une notion difficile à saisir, car recouvrant un grand nombre de réalités spécifiques. Il serait une forme d’attachement qui pousse un individu vers un objet extérieur et qui recouvrirait les trois dimensions antiques : l’Eros (“Je te veux”), la Philia (“Je suis heureux que tu existes”) et l’Agape (“Je te laisse exister”). L’amour, souvent perçu comme don de soi, de mouvement vers et pour l’autre, est en ce sens à la fois une raison d’agir – il donne une justification, une motivation, à l’action, et une bonne raison d’agir car il contient une dimension morale, de “bien” en opposition au mal. Une bonne raison d’agir est déterminée par la dimension morale non pas de l’action même, mais plutôt de ce qui pousse l’individu à agir ; un parent qui nourrit ses enfants pour les faire grandir et les rendre heureux a une bonne raison d’agir, celui qui les nourrit grassement pour les rendre malade est pétri de mauvaises intentions.
Agir au nom de l’amour semble toujours louable en raison du haut crédit moral accordé à un sentiment que l’on décrit comme noble. Agir au nom de l’amour serait agir au nom du bien de l’autre