L'homme et son image - Jean de Lafontaine
L'Homme et son image fait partie du premier livre dédié au Dauphin, fils du roi Louis XIV. Dans cet apologue, La Fontaine se sert d'un récit plaisant pour dénoncer un vice humain. Il fait le portrait du narcissisme et rend en même temps hommage à un moraliste de son temps, le Duc de La Rochefoucauld, dont les Maximes avaient été publiées en 1665 et 1668, en lui dédicaçant cette fable. Il s’agit ici du mythe de Narcisse revu par le fabuliste mais revu d’un autre point de vue. Alors que l’eau, telle un miroir, renvoie à Narcisse son image qui le pousse à se noyer, ici la beauté des « Maximes », c’est-à-dire du canal, n’attire l’homme que pour le désabuser.
Argumentation :
Les rimes croisées dans les quatre premiers vers, posent la situation initiale et soulignent cette différence tout en montrant l’illusion du personnage : il « s’aimait sans avoir de rivaux », mais cela est « faux », il se croit « le plus beau du monde », avec le superlatif hyperbolique, mais cela est une « erreur profonde ». Cela nous conduit alors à nous interroger sur le sens de cette fable, selon la façon dont on interprète le titre. « Son image » peut signifier l’image que l’homme se fait de lui-même, et la fable a montré qu’elle n’était qu’une illusion, et même une maladie (« afin de la guérir » vers 5, « un mal que chacun se plaît d’entretenir » vers 23). Cette maladie est d’autant plus grave qu’elle est ancrée dans le personnage: c’est l’amour de soi, ou plutôt l’amour-propre que Lafontaine considère comme l’essence même de la nature humaine. En effet, La Rochefoucauld disait dans ses Maximes « Il rend les hommes idolâtres d’eux-mêmes », terme que La Fontaine reprend en se contentant de dire « amoureux de lui-même », mais le reproche est identique. Ici, son "Narcisse" se croit "le plus beau du monde" (c'est notre complaisance envers nous-mêmes) mais il trouve son image laide dans les miroirs qui représentent notre entourage, c'est pourquoi il les fuit (nous refusons de