Analyse de "a la recherche du temps perdu" de marcel proust
PROUST AU LABORATOIRE 1
«Par l'art seulement nous pouvons sortir de nous, savoir ce que voit un autre de cet univers qui n'est pas le même que le nôtre, et dont les paysages nous seraient restés aussi inconnus que ceux qu'il peut y avoir dans la lune.»
Qu'est-ce que savoir? A cette question, les philosophes, les épistémologues, les historiens, les sociologues, les neurobiologistes, bien d’autres encore, s’efforcent depuis longtemps d’apporter des réponses, tantôt modestes et tantôt ambitieuses, mais dont il faut convenir qu’elles ne sont pas parfaitement éclairantes. Peut-être faut-il alors explorer des voies différentes et s’interroger : est-il d'autres manières de forger un savoir sur le savoir ? La réponse proposée ici est : oui -- par la littérature. Je tenterai d’en faire la démonstration à l’examen d’une oeuvre réputée faire peu de place aux sciences, celle de Proust. Je voudrais montrer qu’il existe bien quelque chose comme une épistémologie proustienne, une manière qui lui est propre, originale et profonde, de réfléchir sur le savoir et la connaissance, sans quitter la littérature. Entendu de cette façon, le titre de l’oeuvre majeure de Proust, A la recherche du temps perdu, suppose que nous comprenions sa démarche comme une " recherche " au sens le plus fort du terme, comme un véritable procès de savoir, peut-être une science. Lire cette oeuvre de cette manière, c’est l’aborder selon les principes de ce que j’appelle l’épistémocritique, une forme de lecture qui se pose des questions telles que celles-ci: quelle place l’oeuvre réserve-t-elle au savoir? Que produit-il, littérairement parlant? Mais aussi : de quoi se trouve-t-il enrichi lors de son passage par la fiction? Peut-il y apprendre quelque chose sur lui-même ? De nombreuses oeuvres de toutes les époques apportent des réponses très variées à ces questions, celle de Proust en premier lieu.
1 La version complète de