Apollinaire (1880-1918) : repères biographiques
La succession des textes n’obéit d’ailleurs pas à la chronologie de leurs dates d’écriture.
À la limite, on pourrait fort bien lire ces poèmes dans l’ignorance totale des événements qui les ont inspirés, en ne considérant que le fruit sans s’interroger sur l’arbre qui l’a porté.
Apollinaire lui-même nous invite cependant à établir des liens entre sa vie et ses textes et ce, très clairement, dans le poème d’ouverture, « Zone ». Des liens et non une banale identité. La distinction entre le je de l’écriture (l’émetteur) et le je de l’homme Apollinaire est encore plus importante ici que celle du narrateur et de l’auteur dans un roman. La poésie autorise une re-création du réel, voire sa métamorphose (= changement de forme) dans les mots.
En résumé, vous devez connaître la vraie vie d’Apollinaire pour être en mesure de saisir toutes les allusions qui se rencontrent dans ses textes, mais vous devez ensuite la mettre entre parenthèses pour vous abandonner au seul charme de sa transfiguration poétique.
Pour revenir sur l’exemple du « Pont Mirabeau », il n’est pas indifférent de savoir que ce poème a été écrit après la rupture d’Apollinaire avec une jeune femme nommée Marie Laurencin, peintre, et que les deux amants empruntaient ce pont pour rentrer à Auteuil où demeurait le poète...Au-delà de cette anecdote, cependant, seul compte le texte, qui défie le temps et