Baudelaire les fleurs du mal
Pour alléger le texte, j'utiliserai régulièrement l'abréviation FdM pour les Fleurs du Mal et SdP pour le Spleen de Paris. Les poèmes extraits des Fleurs du Mal sont toujours indiqués par leur numéro dans l'édition de 1861.
Le texte :
L'invitation au voyage
Mon enfant, ma soeur,
Songe à la douceur
D'aller là-bas vivre ensemble !
Aimer à loisir,
Aimer et mourir
Au pays qui te ressemble !
Les soleils mouillés
De ces ciels brouillés
Pour mon esprit ont les charmes
Si mystérieux
De tes traîtres yeux,
Brillant à travers leurs larmes.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
Des meubles luisants,
Polis par les ans,
Décoreraient notre chambre ;
Les plus rares fleurs
Mêlant leurs odeurs
Aux vagues senteurs de l'ambre,
Les riches plafonds,
Les miroirs profonds,
La splendeur orientale,
Tout y parlerait
À l'âme en secret
Sa douce langue natale.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
Vois sur ces canaux
Dormir ces vaisseaux
Dont l'humeur est vagabonde ;
C'est pour assouvir
Ton moindre désir
Qu'ils viennent du bout du monde.
- Les soleils couchants
Revêtent les champs,
Les canaux, la ville entière,
D'hyacinthe et d'or ;
Le monde s'endort
Dans une chaude lumière.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
Présentation : 53ème pièce (LIIIe) des Fleurs du Mal dans l'édition de 1861 (49ème pièce - XLIXe - dans l'édition de 1857 - 54ème pièce - LIVe - dans l'édition de 1868), incluse dans la 1ère partie : Spleen et Idéal. Ce poème fut publié pour la première fois le 1er juin