POURQUOI L’APPRENTIE TRAVAILLE SUR LA COLONNE DU NORD ? Depuis que je suis rentrée en loge, on me demande de m’assoir à la colonne du nord, et je m’exécute sans vraiment me poser de question. Aujourd’hui, je me demande si cette place (avec toutes contraintes qu’elle comporte) n’a pas un sens plus profond qu’un simple lieu de réflexion ; n’est-ce-pas à cet endroit que l’on cultive la voix intérieure qui se fera entendre à la colonne du midi ? Au fur et à mesure des déplacements que j’effectue au sein du temple, je m’aperçois qu’une vie s’articule autour de cette colonne. De part cette stature, elle impose une force et un regard vers le ciel, engageant l’apprentie à regarder dans cette direction comme pour atteindre quelque chose de divin dont je ne saisie pas encore pleinement le sens. La colonne me montre une voie. Elle ne se limite déjà plus au support, elle me laisse libre des choix à opérer et devient une voie vers de multiples possibilités.
La colonne désigne à la fois l’objet et aussi le lieu où l’on s’assoit, mais ce dernier constitue plutôt le lieu sur lequel la colonne projette son ombre, ses significations philosophiques et symboliques. Apprentie, je m'assoie dans un espace symbolique enveloppé par l'ombre de ma colonne. A quoi me sert d’être assise à l’ombre de la colonne ? La colonne J n’existe que parce qu’une autre colonne se situe dans le Temple. Si l’autre n’existait pas, elle n’existerait pas elle-même puisqu’il n’y aurait qu’elle dans le monde. Son existence est une partie de l’existence de l’autre. La colonne du Nord constitue l'un des éléments d'une polarité, d’un couple. Et c'est entre les deux colonnes que la parole circule. On peut associer cette complémentarité à beaucoup d’autre symbole maçonnique tel que le pavé mosaïque. Les colonnes sont donc la manifestation matérielle de construction binaire, d'une dualité dans l’unité. Même si une colonne est attribuée aux apprentis, ce sont les deux colonnes qui sont les