Dissertation philo :
Peut-on se mentir à soi-même ?

Mentir, c’est induire en erreur en donnant une fausse représentation de ce qui est. Lorsqu'autrui me ment, il sait et me cache une chose que je ne sais pas. En revanche, quand je me mens à moi-même, je me cache une chose que pourtant je sais : puis-je ainsi m'illusionner sur une réalité que je connais ou faire preuve de mauvaise foi ? La chose semble contradictoire, voire impensable. En effet, comment peut-on être victime d'une manipulation dont on est soi même l'auteur, comment ne pas être conscient d'une vérité que l’on connaît ? Le principe même de la conscience n’est-il pas d’être entièrement maître de ses pensées ? Mais peut-être, si l’on suppose une division de l’esprit, est-il possible qu’une partie de nous-mêmes mystifie l’autre, la persuadant d’une vérité non-conforme à la réalité ?

Pour mentir, pour tromper, il faut être deux : le trompeur et le trompé. L’unité de la conscience exclurait le mensonge à soi. En effet, aucune de mes pensées ne saurait m'échapper ou être produite sans que j'en aie connaissance : je ne peux, pour cette raison, ignorer ce que je sais ; cela découle de la nature même de la conscience, laquelle me met en effet immédiatement en présence de ce que je pense. L’automystification semble donc impossible au sein d’une seule et même personne ; pour en rendre compte, il faut supposer une division profonde, une cloison étanche à l’intérieur même de soi. Tout se passe bien entre soi et soi-même, mais il y a un décalage, le soi qui ment n’est pas celui qui est trompé. C’est le soi inconscient qui trompe et le soi conscient qui est trompé. C‘est l’inconscient qui échappe à la conscience, ce que la conscience n’a pas besoin de savoir mais aussi ce qu’elle ne « veut » pas savoir. Mais quel est cet inconscient trompeur ? Pour qu’il y ait mensonge, il faut qu’il y ait intention de tromper et discernement du vrai et du faux ; comment l’inconscient, qui par définition n’a pas