Fra Angelico peint vers 1430, période connue sous l’estampille de « Haute Renaissance », une annonciation qui, remise dans son contexte chronologique, est la première des huit annonciations du même auteur dont nous avons connaissance aujourd’hui. Il réalisa ce tableau pour ses frères en religion du couvent San Domenico à Fiesole près de Florence, ce qui aura une influence notable dans notre analyse de l’œuvre. Le retable de 194x194 cm, qui se trouve aujourd’hui au musée du Prado de Madrid, est une œuvre toute en paradoxes, à l’image du celui qui l’a peinte. Il va s’agir tout au long de cet exposé, de rendre compte des nouveautés dans la conception de la technique et de la composition qui émergent avec la notion de Renaissance en Italie, pour ensuite étudier de quelle manière Fra Angelico va s’en servir tout en conservant son propos qui reste celui d’un frère prêcheur qui entend enseigner et convertir par l’image. Enfin, et en vue de mener notre analyse du général au particulier, nous étudierons plus en détail l’échange mystique des protagonistes de l’œuvre, et sa représentation particulières au vu des données sur lesquelles nous aurons fait lumière.

C’est donc à l’image de la réalité que Fra Angelico va représenter ses personnages ; on s’éloigne peu à peu de la représentation byzantine du divin, tout en gardant malgré tout cette valeur mystique, les deux faisant la force de cette œuvre. Expliquons-nous sur ce point ; d’emblée nous sommes marqués par la simplicité et l’extraordinaire pureté du visage de Marie avec une économie évidente dans la figuration des traits. Avant toute expression de vertu divine, elle nous est présentée d’abord comme une jeune femme.

Ceci nous renvoie au statut de Fra Angelico lorsqu’il réalise cette œuvre. Celui-ci évolue au sein d’un environnement instruit et actif. Son mysticisme repose sur une intelligence raisonnée de la tradition chrétienne. Fra Angelico n’est pas un artiste cloitré que sa condition d’ecclésiaste va couper du