Le malade imaginaire
« Si l'État est fort il nous écrase, s'il est faible nous périssons », Paul Valéry
L'indice de Développement Humain ou encore l'évaluation du niveau de Bonheur National Brut sont des outils statistiques couramment employés pour apprécier le niveau de bien être matériel et spirituel atteint par telle ou telle nation. Au-delà de cet objectif premier, ces indicateurs sanctionnent la capacité des États a fournir à leur populations les moyens de s'épanouir, la manière dont ils parviennent à conduire leur peuple sur la voie du bien être. Le crédit accordé à ces indicateurs souligne ainsi l'ampleur du pouvoir, des responsabilités que la communauté internationale confère à l'État : en tant que structure responsable de l'administration de la société a travers les lois qu'il édicte il peut tout aussi bien être glorifié pour avoir su créer les conditions favorisant un niveau élevé de satisfaction pour les sujets – on érige ainsi les pays nordiques en exemple pour leur système social- ou être vilipendé pour n'avoir pas permis d'améliorer la situation de son peuple.
Le sort des individus soumis à un pouvoir étatique semble donc dépendre de la manière dont ce dernier s'organise, de l'intensité avec laquelle il emploie sa puissance. Dans cette perspective, comment parvenir à un optimum, à une situation telle que l'État puisse procurer à ses sujets la situation la meilleure possible ? On bute ici sur une contradiction majeure : on ne saurait définir une situation optimale face à la multiplicité des attentes qui animent les citoyens. Un État qui chercherait à imposer un modèle unique empêcherait l'expression des particularismes individuels utiles à l'épanouissement de l'être humain. D'autre part, on blâme souvent les organisations étatiques car elles n'assurent pas un niveau de sécurité suffisant que ce soit vis à vis des agressions extérieurs ou intérieures. Une deuxième tension apparaît : l'État peut-il être suffisamment fort afin de