le temps vecu
Le temps vécu - Sujet et corrigé d'une dissertation "Le temps s'en va ..." Ronsard
Qui n’a eu le sentiment du caractère éphémère de son existence ? C’est pour cela que nous nous trouvons souvent à nous lamenter parce que le temps passe. C’est ce sentiment que Pierre de Ronsard (Continuations des amours, 1555) réinterprète dans ses vers célèbres adressés à Marie Dupin ( ?-1573).
« Le temps s’en va, le temps s’en va ma Dame,
Las ! le temps non, mais nous nous en allons »
Le poète, s’adressant à celle qu’il aime, lui fait remarquer d’abord que le temps s’éloigne, bref, qu’il faut saisir l’occasion d’aimer avant qu’il ne soit trop tard. La répétition de l’expression insiste bien sûr, mais scande un caractère propre au temps. Mais si c’était le temps qui disparaissait, tout irait bien. La lamentation se fait plus insistante, en niant la première idée car ce n’est pas le temps, c’est nous qui partons. S’il n’y avait que le temps ou s’il y avait le temps, notre existence, notre vie demeurerait.
Or, s’il est vrai que le temps demeure, il ne peut demeurer le même de sorte que dire qu’il s’en disparaît a un sens. C’est un autre temps ou un temps autre. Mais cela a aussi du sens que de considérer que la finitude de notre existence implique que ce n’est pas le temps qui disparaît mais ce sont les choses dans le temps, c’est-à-dire en l’occurrence, l’être qui se sait mortel.
On peut donc se demander si cette fuite du temps a un sens et lequel ou bien si elle n’est pas une sorte d’illusion et comment elle est possible ?
En nous appuyant notamment sur le chapitre II de l’Essai sur les données immédiates de la conscience intitulé « De la multiplicité des états de conscience. L’idée de durée », sur Sylvie de Gérard de Nerval et sur Mrs Dalloway de Virginia Woolf, nous verrons que la fuite du temps a le sens d’une reconnaissance de sa réalité vécue, qu’elle manifeste même la finitude de notre existence mais qu’elle est surtout le résultat des