Lecture analytique - poème liminaire de si c'est un homme, primo levi
1 Vous qui vivez en toute quiétude Bien au chaud dans vos maisons, Vous qui trouvez le soir en rentrant La table mise et des visages amis,
5 Considérez si c'est un homme Que celui qui peine dans la boue, Qui ne connaît pas de repos, Qui se bat pour un quignon de pain, Qui meurt pour un oui pour un non.
10 Considérez si c'est une femme Que celle qui a perdu son nom et ses cheveux Et jusqu'à la force de se souvenir, Les yeux vides et le sein froid Comme une grenouille en hiver.
15 N'oubliez pas que cela fut, Non, ne l'oubliez pas : Gravez ces mots dans votre cœur. Pensez-y chez vous, dans la rue, En vous couchant, en vous levant ;
20 Répétez-les à vos enfants. Ou que votre maison s'écroule, Que la maladie vous accable,
23 Que vos enfants se détournent de vous.
AXE 1 : La déshumanisation
Le poème commence avec le thème de la quiétude, il est mis en opposition avec le thème de la déportation : chaque expression est comparée avec son opposé : "quiétude"/"peine", "froid" et "hiver", "qui se bat pour un quignon de pain". pour insister sur l'horreur des conditions de vie dans les camps. Au Lager, les hommes sont considérés comme des animaux, ils travaillent, vivent et se comportent comme tels. "qui se bat pour un quignon de pain" et comparaison avec la grenouille. Il parle de leur personnalité et de leurs souvenirs "et jusqu'à la force de se souvenir"v12. ils perdent leur identité et leurs souvenirs, un processus de deshumanisation est mis en marche, la seule chose qu'on leur reconnait c'est leur capacité à travailler. L'homme est présenté comme souffrant, Levi évoque la dureté des conditions de vie v6 "que celui qui peine dans la boue" v7 "qui ne connait pas le repos" il évoque de manière graduée la souffrance que sont la faim et la mort. Il est important d'ajouter la présence du froid qui est encore synonyme de mort pour le déporté. Pour