Je me permets aujourd'hui de porter à votre attention, ma lettre concernant votre article sur le romantisme. Vous me permettrez toutefois de ne pas être d'accord avec votre écrit. Je vais tenter de vous en expliquer les raisons. Je crois aux vertus de la discussion. J'espère que vous voudrez bien excuser la longueur de ma réponse. Si je vous suis bien, dans votre article vous reprochez à la littérature romantique d'afficher des larmes éternelles et de mettre en scène des personnages abattus et sans aucune vivacité. Je suppose, bien sûr, que vous employez ces termes en toute connaissance de cause, puisqu'ils figurent dans votre chronique.

Certes le personnage romantique peut être accablé et sans énergie. En effet, Alfred de Musset dans sa pièce de théâtre « Les caprices de Marianne » du XIXème siècle représente deux personnages qui ont une conception de la vie très différente. D'une part nous avons Octave qui profite d'une vie légère et très élégante et d'autre part la vie de Cœlio qui quant à lui a une vie mélancolique et rude. Celui-ci emploie plusieurs mots tels que « remords » ou encore « l'amour trouble ma vie entière » ce qui nous montre une souffrance, un amour vécu comme une désolation chez ce personnage romantique. Pour Cœlio l'amour semble unilatéral sans retour il va répéter sans cesse « jamais elle n'est [...] » et va également utiliser des mots ambigus, que nous lecteur comprenons de manière différente comme par exemple « jalousie ». Ce drame va donc opposer deux versions très disparates du personnage romantique. Il est donc vrai que le personnage romantique peut être vide d'énergie et complètement perdu par la souffrance amoureuse comme Cœlio. Par ailleurs, ce côté assez larmoyant du romantisme peut-être dû au « Mal du siècle » qui a condamné les hommes de lettres à ressentir un sentiment de mélancolie et une profonde angoisse. Tout ceci a donc pu influencer leur manière d'écrire. On peut le ressentir dans les personnages et dans leurs romans.