Pap E La Politique Linguistique De La France
Parmi les pays de l’UE comme au sein du groupe des Etats les plus riches du monde, la République française présente un certain nombre de particularités uniques : il s’agit par exemple du seul Etat réellement laïc depuis 1905, du seul à conserver un secteur public très important et surtout le seul à mener une politique linguistique qui jusqu’à présent l’a amené à refuser de signer la charte européenne sur les langues régionales. Pour comprendre cette dernière particularité, il faut revenir sur l’histoire plurimillénaire de ce pays.
I – La monarchie capétienne La monarchie française est née au IXe siècle autour des possessions de modestes seigneurs de l’Île-de-France, appelés Robertiens, puis Capétiens. Il s’avère que cette région correspondait à une de celles dans lesquelles se développeait la langue d’oil. Pour autant, ces premiers monarques français n’eurent aucune politique linguistique, par manque évident de moyens certes, mais aussi parce qu’ils étaient possessionnés en Flandre, dans le comté de Montreuil, où l’on parlait flamand. A partir du règne de Philippe Auguste, l’expansionnisme capétien se tourna vers l’ouest et le sud. L’occupation de l’Aquitaine des Plantagenets puis la conquête du Languedoc après la croisade des Albigeois amenèrent à rentrer en contact avec des locuteurs des différentes formes de l’occitan, du basque et du catalan. Même si l’on peut trouver dans certains ouvrages comme le Livre de Guillaume le Maréchal un mépris à l’égard des gens du sud, appelés « Poitevins », soupçonnés de toutes les mollesses et de toutes les trahisons, il n’y eut pas plus de politique visant à imposer la langue du nord. L’administration se faisant en latin, on vit même les « bureaux » de Paris se peupler de juristes languedociens au XIVe siècle. La noblesse de langue d’oil se piquait à écouter les récits des troubadours occitans, à qui elle ne devait pas comprendre grand-chose. Cependant, la bourgeoisie