Olivier Jérusel 1ère S

Sujet d’invention : Phèdre

Cher ami,
Je t’écris cette lettre encore sous le charme de la représentation de Phèdre de Jean Racine avec lequel, comme tu sais j’entretiens une amitié que les récentes attaques personnelles n’ont fait que renforcer.
Cette pièce a été magnifiquement jouée par le troupe de Racine dans un théâtre de Bourgogne digne de l’occasion : tous les sièges y étaient occupés par des personnalités insignes de la Cour ainsi que par l’élite intellectuelle de la capitale. Le succès de cette soirée suffira, je l’espère, à faire taire les détracteurs du dramaturge.Comme j’ai eu l’occasion de t’en parler auparavant, Racine et moi-même ne manquons pas d’ennemis et nombreux sont ceux qui auraient souhaité voir « tomber » la pièce. Ainsi, le Duc de Nevers, poète à ses heures et sa sœur, la duchesse de Bouillon, avaient commandé chez un auteur médiocre, Jacques Pradon, une autre Phèdre, dont la représentation d’ hier soir au théâtre Guénégaud s’est avérée un échec ; et pourtant la polémique ne cesse de s’amplifier et une cabale semble se monter entre les partisans de la pièce de Racine et les partisans de la pièce de Pradon.J’ai même entendu dire que nous sommes menacés de coups de bâton ! Comme tu vois, la vie des intellectuels est compliquée, entre cabales et querelles, tu as donc bien de la chance de vivre en province !
Le but de ma lettre n’est pas toutefois de me plaindre de mon sort mais de te faire partager les émotions que je pu vivre lors de cette soirée et mon enthousiasme pour cette pièce où j’ai vu la mise en œuvre des principes que j’avais précédemment codifiés dans mon Art Poétique.
Il serait trop long ici de te résumer en détails le contenu de la pièce ; le littré que tu es, connais certainement la tragédie d’ Euripide Hippolyte porte-couronne qui a inspiré en grande partie Jean Racine. Phèdre, l’héroïne de la tragédie, est amoureuse de son beau fils Hippolyte, le fils de Thésée, son époux.