Progrès de la philosophie
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« C'est un fait établi qu'il y a et qu'il y a eu diverses philosophies. Cependant la vérité est une; l'instinct de la raison a ce sentiment ou cette foi invincible. Une seule philosophie peut donc être la vraie. Or, comme les philosophies sont diverses, on en conclut que les autres sont nécessairement erronées; mais chacune assure, établit, prouve qu'elle est cette philosophie unique. C'est un raisonnement ordinaire. »1 L'histoire de la philosophie peut paraitre, pour un spectateur extérieur, comme un ensemble d'idées, de pensées qui n'est pas forcement très unifié ni cohérent. Quand on commence à étudier les pensées d'un philosophe, on peut souvent être marqué par leur pertinence et leur richesse, mais très vite, quand on plonge davantage dans sa théorie, on se rend compte qu'il y a des points sur lesquels on n'est pas d'accord. Et encore, si on commence à s'intéresser aux autres philosophes qui ont énoncé leurs idées à propos d'un même sujet, on s'y perd, parce qu'il nous semble qu'il y a autant de points de vue, qu'il y a de philosophes. Dans nos esprits, il y a cette image des philosophes qui sont en train de dialoguer, où l'un essaye de convaincre l'autre de la véracité de ses concepts. La représentation de l'histoire de la philosophie la plus fréquente est celle d'un ensemble de nombreuses philosophies diverses où chacune affirme sa connaissance du vrai, montre comment les autres se sont trompées, comment il faut compléter les systèmes précédents, et où chaque philosophie se glorifie elle-même d'avoir enfin trouvé la vérité.2 C'est un raisonnement ordinaire, comme dit Hegel. C'est un fait établi qu'il y a et qu'il y a eu des philosophies diverses. Selon Hegel, celui qui prend l'existence de la multiplicité des systèmes philosophiques comme argument contre la philosophie, celui-là utilise l'argument le plus plat possible et passe complètement à côté de la substance de la philosophie, celui-là n'a rien compris. Hegel énonce la possibilité de l'existence