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La Farce du goutteux, de l’ancien français au français moderne
Page 164

Farce du goutteux Mimin et des deux sourds
Le passage tiré du manuel (p. 164, l. 74 à 91)
Le Valet. – Qu’est-ce qu’il dit ? Qui peut le savoir ? Autant que je puis comprendre, je crois bien qu’il demande le prêtre. Oui, j’entends votre désir, c’est le curé que vous voulez que j’aille chercher ?
Le Goutteux. – Ah ! mon Dieu, je suis écoeuré ; mais non, mais non, c’est l’apothicaire que je veux, l’apothicaire.
Le Valet. – Oh ! le curé ou le vicaire, c’est tout un, ou même le chapelain. Je vous crois en mauvais état, pensez à votre conscience.
Le Goutteux. – Tu m’exaspères, tu me fais perdre patience avec tes réponses et ta sottise.
Le Valet. – Vous pourriez vous confesser à celui qui a chanté aujourd’hui sa première messe à Rome. Je vais le chercher et je vous promets qu’il viendra si je le trouve.
Le Goutteux. – Allons, va vite et que Dieu t’accompagne.
Le Valet. – Il faut donc que je trouve quelque part un chapelain. Pendant ce temps, songez à votre testament et n’oubliez pas ce qui m’est dû.
Le Goutteux. – Ah ! si Maître Babault venait me voir, il me guérirait sûrement et enlèverait de ma jambe le feu qui la dévore. Je t’en supplie, va le chercher, que Dieu m’assiste, je crois enfin qu’il m’a bien entendu.

Anonyme, Farce du goutteux Mimin et des deux sourds, traduit de l’ancien français par L. Robert-Busquet © Fernand Lanore, 1973.
Le même passage en ancien français :
Le Varlet
Qu’esse qu’il dit ? Qui en sçait rien ?
Par dé, à ce que puis cognoistre,
Je croy bien que ce soit le prestre
Qu’il demande, à vostre advis ;
Ha, j’entens tout vostre devis:
Demandez-vous pas le curé ?

Le gouteux
Ha Dieu,que je suis escuré.
Nenny, non, c’est l’apoticaire.

Le Varlet
Or bien, le curé ou vicaire,
Ce vous est ung quel chappelain ;
Vous estes en maulvais pelin ;
Pensez de vostre conscience.

Le gouteux
Tu me fais perdre patience