Verdurin
Charles Swann, homme de conquêtes féminines, s'est peu à peu lassé des créatures évoluant dans sa sphère sociale. Il tend à délaisser ainsi le milieu mondain dont il connaît les moindres codes et qui ne peut plus rien lui apporter en terme de jouissances pour découvrir de nouvelles sensations amoureuses auprès de femmes de milieux différents du sien. C'est ainsi qu'il fait la connaissance, par l'entremise d'un ami, d'Odette de Crécy. La beauté de cette femme ne lui laisse pas une forte impression de prime abord mais peu à peu l'image même de cette beauté imparfaite à ses yeux s'instille en lui avec de plus en plus d'insistance. Partageant avec elle de nombreux instants toujours plus fréquents, Swann se laisse convaincre par Odette d'être présenté chez les Verdurin. Il se trouve alors introduit dans un salon où évolue une petite société composée de personnes issues d'une bourgeoisie aisée mais n'ayant pas accès à la sphère de l'aristocratie. Ne sont admis dans ce cercle que quelques élus, personnages fats et ridicules pour la plupart qui ont l'heur de plaire aux maîtres des lieux M et Mme Verdurin.
Extrait
« Qu'est-ce qu'ils ont à rire, toutes ces bonnes gens-là, on a l'air de ne pas engendrer la mélancolie dans votre petit coin là-bas, s'écria Mme Verdurin. Si vous croyez que je m'amuse, moi, à rester toute seule en pénitence. », ajouta-t-elle sur un ton dépité en faisant l'enfant. Mme Verdurin était assise sur un haut siège suédois en sapin ciré, qu'un violoniste de ce pays lui avait donné et qu'elle conservait, quoiqu'il rappelât la forme d'un escabeau et jurât avec les beaux meubles anciens qu'elle avait, mais elle tenait à garder en évidence les cadeaux que les fidèles avaient l'habitude de lui faire de temps en temps, afin que les donateurs eussent le plaisir de les reconnaître quand ils venaient. Aussi tâchait-elle de persuader qu'on s'en tint aux fleurs et aux bonbons, qui du moins se détruisent ; mais elle n'y réussissait pas