L'écriture blanche chez paul auster, alberto moravia et georges perec
II
L’Ecriture
Une immobilité blanche
1. Une poétique du blanc A. « Le grand silence du blanc » Aimantés vers un horizon d’absence et d’indistinction, les personnages trouvent leur reflet aux abords des pages, dominées par le champ lexical de la blancheur. On assiste à une propagation de la blancheur, propre et figurée. Cet avènement du blanc répond à cette nouvelle forme d’écriture « blanche » et « neutre » qu’évoque Roland Barthes dans Le degré zéro de l’écriture. S’exprimant sur l’écriture du silence de Stéphane Mallarmé, Roland Barthes en vient à analyser cette nouvelle forme qui touche l’ère moderne littéraire : Dans ce même effort de dégagement du langage littéraire, voici une autre solution : créer une écriture blanche, libérée de toute servitude à un ordre marqué du langage. (…) l’écriture se réduit alors à une sorte de mode négatif dans lequel les caractères sociaux ou mythiques d’un langage s’abolissent au profit d’un état neutre et inerte de la forme ; (…). « Etat neutre » que vient dénoncer, dans nos œuvres respectives, l’envahissement du blanc. Dans Les Indifférents, la couleur blanche sert à la fois à désigner l’espace dans lequel évoluent les personnages et investit aussi le domaine psychologique. La chambre de Carla dispose de meubles « blancs, bas, hygiéniques » et « de murs blancs » et l’on croise « un vestibule, petite pièce carrée aux murs blancs, pavée en losange. ». D’autre part, le blanc caractérise la luminosité. Au début du chapitre quatre, Carla oublie d’éteindre « sa lumière blanche » et lors du dîner quotidien « un jour blanc envahit la pièce. » La lumière vampirise littéralement les personnages en effaçant leurs contours, comme le suggère cet extrait : (…) mais une blancheur triomphante les abolissait et semblait régner seule entre les quatre murs où, par contraste, meubles et tableaux se confondaient dans la même ombre noire.
Le blanc révèle aussi un malaise