Écriture de la violence chez les écrivains malgaches
ÉCRITURE DE LA VIOLENCE, VIOLENCE DE
L’ÉCRITURE.
LE CAS DES JEUNES ÉCRIVAINS MALGACHES par Serge Meitinger
Le parti adopté par les jeunes écrivains malgaches les plus apparents de ces dernières années, Michèle Rakotoson, David
Jaomanoro, Jean-Luc Raharimanana, est, nous semble-t-il, plutôt que de seulement la dire, de d’abord montrer la violence, sous toutes ses formes, dans le but de la dénoncer quand elle est le produit des contraintes idéologiques, politiques et sociales, du dérapage historique, de la révéler quand elle n’apparaît pas d’elle-même, de lui rendre sa dimension fondamentale et constituante quand ils la reconduisent à sa source ancestrale, immémoriale et sacrificielle… Mais représenter la violence dans ses conséquences physiques brutales et irrémédiables, dans sa monstruosité immédiate, même par les mots, ne peut revêtir ni la neutralité désincarnée du concept qui distingue et classe ni la distanciation habituelle de l’image ou de la scène construite et méditée : c’est faire venir un affect à l’état presque pur et dont le premier effet est de traumatiser, c’est-à-dire de tétaniser les sens et la pensée. Il s’agit bien de mettre le lecteur en état de choc. Pour tenter de l’en tirer plus ou moins vite, ensuite, par des éléments explicatifs et une manière d’universalisation ou de relativisation… La question est de savoir si le choc de départ est vraiment dépassable ou s’il reste à l’horizon de la lecture et de la pensée qu’elle fait naître comme un agent d’abord inhibant mais qui, brisant par sa force propre toute ordonnance sensée, se trouve en fait disposer au déploiement de tout autres affects ainsi appelés en écho. Tel est le paradoxe de toute monstration de la violence, discursive ou imagée, qu’elle engendre en un même mouvement horreur, répugnance, dénonciation et une possible délectation accompagnée d’excitation. Et il ne suffit pas de