Christian Jacq Imhotep
IMHOTEP, L’INVENTEUR DE
L’ÉTERNITÉ
LE SECRET DE LA PYRAMIDE
ROMAN
« L’Égypte des temps anciens, contrairement à ce qu’affirmait Hérodote, le « père de l’histoire », est bien moins un don du Nil qu’une miraculeuse création du divin. Si, plus de trois millénaires durant, il y eut une terre des pharaons, c’est que, bon gré mal gré, les êtres humains qui peuplèrent le long cordon d’oasis jalonné par le fleuve se soumirent à une règle universelle et inéluctable : celle de Maât. »
J.-C. Goyon, Science et Vie n°197, 1996, p. 1.
1.
Imhotep contempla le désert, le domaine interdit peuplé de bêtes féroces et de spectres agressifs. À la nuit tombante, le jeune homme de vingt ans aurait dû quitter ce territoire dangereux et rentrer chez lui. Mais au lendemain de la mort de son père, il éprouvait le besoin d’être seul, loin d’un monde dont l’injustice lui pesait trop.
Jusqu’à cette tragédie, l’existence lui avait paru presque facile. Simples paysans, ses parents s’étaient juré d’offrir à leur fils unique une vie meilleure. Lorsque Imhotep, cinq ans auparavant, avait été accepté comme apprenti chez les foreurs de vases de l’atelier royal de Memphis, leur rêve s’était réalisé.
Un père n’avait pas le droit de mourir.
Pourquoi les dieux se montraient-ils si cruels, pourquoi frappaient-ils une famille si unie ? Mille pensées se bousculaient dans la tête d’Imhotep, révolté contre ce destin inique. Le sable crissait sous ses sandales, il avançait droit devant lui, à travers la nuit.
Ignorant la fatigue, il comptait sur ses jambes inépuisables pour aller jusqu’au cœur de l’immensité avec l’espoir d’éteindre son insupportable souffrance.
Soudain, il s’arrêta.
On le suivait.
Sans arme, comment affronter un fauve en chasse ?
L’instinct de survie fut le plus fort, le jeune homme courut. Son souffle ne l’avait jamais trahi, et ses camarades de jeu ou de travail enviaient sa résistance. Perdu au sein d’un univers hostile, Imhotep escalada les buttes, dévala des pentes