Commentaire andromaque a3 sc8
Texte étudié :
ANDROMAQUE
Dois-je les oublier, s'il ne s'en souvient plus?
Dois-je oublier Hector privé de funérailles,
Et traîné sans honneur autour de nos murailles?
Dois-je oublier son père à mes pieds renversé,
Ensanglantant l'autel qu'il tenait embrassé?
Songe, songe, Céphise, à cette nuit cruelle
Qui fut pour tout un peuple une nuit éternelle.
Figure-toi Pyrrhus, les yeux étincelants,
Entrant à la lueur de nos palais brûlants,
Sur tous mes frères morts se faisant un passage,
Et de sang tout couvert échauffant le carnage.
Songe aux cris des vainqueurs, songe aux cris des mourants,
Dans la flamme étouffés, sous le fer expirants.
Peins-toi dans ces horreurs Andromaque éperdue :
Voilà comme Pyrrhus vint s'offrir à ma vue ;
Voilà par quels exploits il sut se couronner ;
Enfin voilà l'époux que tu me veux donner.
Non, je ne serai point complice de ses crimes ;
Qu'il nous prenne, s'il veut, pour dernières victimes.
Tous mes ressentiments lui seraient asservis.
CÉPHISE
Hé bien! allons donc voir expirer votre fils :
On n'attend plus que vous. Vous frémissez, Madame!
ANDROMAQUE
Ah ! de quel souvenir viens-tu frapper mon ame !
Quoi, Céphise, j'irai voir expirer encor
Ce fils, ma seule joie, et l'image d'Hector ?
Ce fils que de sa flamme il me laissa pour gage ?
Racine : Andromaque : Acte III scène 8
Commentaire :
Introduction :
Andromaque est la troisième pièce écrite par Racine, après La Thébaïde et Alexandre le Grand, elle est considérée par la critique comme l'avènement de l'écriture racinienne. Dans le sujet comme dans le travail du vers se mettent en place les fondements de sa dramaturgie, à savoir le motif amoureux et la passion déchirante, la violence des personnages et de son écriture versifiée. Les règles de la tragédie racinienne sont parfaitement mises en place dans ce passage central de la pièce. Si l'action semble mise en veille au profit de la réflexion du