Corpus
( Georges de Scudéry : La Comédie des comédiens 1634
Le dénouement de la pièce :
M. de Blandimare s'adresse à une troupe de comédiens, adversaire du théâtre et de la comédie, il a auparavant vivement critiqué la profession de comédien.
M De Blandimare
Non, non, je lève le masque ; et je vous fais réparation d' honneur, pour ce que j' ay dit en soupant : encore que ma satyre ne s' adressât point à la profession, mais seulement à ceux qui s' en acquittent mal. Car il faudrait être privé de raison, pour mépriser une chose tant estimable : la comédie, qui a été en vénération dans tous les siècles, ou les sciences fleurissaient !
La comédie, jadis le divertissement des empereurs, et l' entretien des bons esprits : le tableau des passions, l' image de la vie humaine, l' histoire parlante, la philosophie visible, le fléau du vice, et le trône de la vertu. Non, non tant s' en faut qu' elle me soit en horreur, que voyant comme elle est en son lustre parmi vous, je loue le jugement de mon neveu, de s' être mis en votre troupe : et pour vous montrer que j' ai ce que je dis, aussi bien dans le cœur, que dans la bouche, et que bien loin de soupçonner votre profession d' ignominie, je la tiens fort glorieuse ; je la veux embrasser moi-même, si vous me voulez recevoir.
( Corneille, L’Illusion comique, 1639, Acte V, scène 6
ALCANDRE
Cessez de vous en plaindre, à présent le Théâtre
Est en un point si haut qu'un chacun l'idolâtre,
Et ce que votre temps voyait avec mépris
Est aujourd'hui l'amour de tous les bons esprits,
L'entretien de Paris, le souhait des Provinces,
Le divertissement le plus doux de nos Princes,
Les délices du peuple, et le plaisir des grands;
Parmi leurs passe-temps il tient les premiers rangs,
Et ceux dont nous voyons la sagesse profonde
Par ses illustres soins conserver tout le monde
Trouvent dans les douceurs d'un