Doit on apprendre a devenir soi meme ?
« Devenir soi-même » implique un changement, une transformation du soi. Ici, le pronom est associé à « même » pour symboliser une insistance du soi. Au premier abord, la question semble contradictoire : comment pourrais-je devenir moi, si devenir moi-même est devenir ce que l’on est déjà ? Lorsque je deviens quelqu’un, je ne suis plus le même qu’avant, et ainsi je ne suis pas fidèle à ce que j’étais. Le sujet présuppose également que l’on n’est pas soi-même d’emblée, tout de suite, il faudrait le devenir. De plus, il faudrait « apprendre », c'est-à-dire assimiler un nouveau savoir pour passer de l’ignorance initiale à un « moi » achevé : cela ne se fait pas tout seul, il faudra fournir des efforts. La question sous-entend également que l’on devra réfléchir à la nécessité de cette quête. Comment cette acquisition du moi se déroule t-elle ? Nous nous demanderons tout d’abord : qu’est-ce qu’être soi-même ? Puis nous réfléchirons au moment où cette transformation a lieu. Enfin, nous nous demanderons qui est-ce qui nous l’apprend, mais aussi, est-ce une obligation ?
I] Être soi-même
Par une première approche, nous pouvons penser que spontanément, naturellement nous sommes déjà nous-mêmes. Nous avons un « soi », un caractère, nous pensons donc l’humain pourrait être, par définition, toujours soi-même. Néanmoins, la formulation de la question écarte cette hypothèse.
On peut, en revanche, considérer qu’être soi-même, c’est être constant dans ses choix, conscient de ses actes : agir librement et non comme les autres. C'est-à-dire être fidèle à ses opinions, être le sujet de ses pensées, ne pas être quelqu’un d’autre. On est soi en se définissant par nos actions propres, en s’exprimant sans ambiguïté. Celui qui n’est pas lui-même est souvent critiqué, d’où la traditionnelle exigence d’être soi-même : on considère qu’il joue un rôle à travers des pensées artificielles mais aussi, et le plus souvent, à travers des apparences.