peut on dire "à chacun sa vérité" ?
Et de refuser toute opinion qu'il n'aurait pas examinée lui-même ?
Dans cette perspective, il serait tentant non seulement de dire « à chacun sa vérité », comme notamment l'ont fait les grands sophistes grecs contemporains de l'émergences des idéaux démocratiques, mais aussi d'ajouter que l'homme détaché de tout endoctrinement doit affirmer la puissance de sa subjectivité : chaque sujet est doté d'une raison qui apprécie selon ses propres critères ce qui est vrai ou faux, bon ou mauvais. C'est pourquoi une société vraiment libre recèle tant de points de vue divers : il y a relativité des opinions et la liberté d'expression se déploie grâce à cette relativité.
Toutefois, les êtres humains ne se contentent pas d'exprimer leurs opinions, ils entrent en compétition les uns avec les autres et confrontent la valeur de leur convictions : les rapports de force sont inévitables. Si chaque homme détient la vérité, si sa subjectivité est juge, comment choisir des valeurs communes valables pour la pense comme pour l'action ? La relativité des opinions ne risque-t-elle pas de favoriser la violence et l'arbitraire des affirmations individuelles.
Et la tyrannie individualiste ne risque-t-elle pas de pervertir la liberté d'expression ?
Dans cette perspective, ne faut-il pas éviter de confondre la puissance de l'esprit critique, propre à chaque être raisonnable, et la prétention de chacun à faire valoir son opinion comme vérité ? Le savoir ne repose-t-il pas sur des valeurs absolues et universelles auxquelles chque homme doit se référer, en dehors de