Plaidoirie "la mort n'oublie personne"
En premier lieu, le crime de Jean Ricouart a été motivé par une aspiration à la vengeance. Il est clair que le chagrin a dicté ses actes inconsidérés. Son fils, ayant déjà connu une enfance difficile, s'est suicidé à 15 ans pour la seule et unique raison que l'on avait traité le pauvre Lucien de « fils d'assassin ». Cette référence témoigne de la répercution du procès de Ricouart, autant sur la population que sur la dignité de l'enfant. Ainsi, on peut aisément concevoir que Lucien, après tant de critiques et de rejets, se sente désespéré, oui, tellement désespéré au point de se servir de sa mort comme un témoignage horrible de la réalité des faits ! Car ses derniers mots, écrits dans de la boue, furent « Mon père n'est pas un assassin. » et tel un dernier cri de rancoeur, ils martelèrent à jamais la vie de la famille Ricouart. Pourquoi accabler de malheurs jusqu'au bout cette famille, alors qu'elle a déjà souffert à cause de M. Quinoux ? Ne pouvez-vous donc pas trouver au fond de vous-même, chers jurés, un simulacre de compassion face à cette tragédie ? Il est incontestable que n'importe quel père digne de ce nom chercherait à châtier l'assassin indirect de son fils, mort si jeune. Lucien avait la vie devant lui, et il a été foudroyé par un jugement injuste dont il n'était même pas responsable. Bien qu'il aurait pu éviter cette alternative, Jean Ricouart, dans un sursaut d'équité devait, que dis-je,