Qu'est-ce que le réel
On peut définir de deux façons une chose, selon qu'on considère ce qu'elle est en propre (son essence), ou bien l'ensemble de ses qualités sensibles (ses accidents). Ainsi, on dira que l'essence d'un homme, c'est sa raison, sa capacité au langage (ce qui le définit véritablement comme homme), tandis que tel individu possède tels traits du visage, telle couleur de cheveux, etc. Or, ses attributs moins essentiels sont-ils pour autant moins réels ?
● Réalité et apparence
(a) Héraclite : « Rien n'est permanent, sauf le changement » : les objets changent de couleurs en fonction des heures du jour, etc. Le réel n'est donc pas dans la fixité, mais au contraire dans la variété même de ses apparitions sensibles.
(b) Platon s'oppose à Héraclite. Au-delà de cette variété sensible, il existe des essences, c'est-à-dire du fixe. L'essence d'une chose vaut à la fois comme fonction d'unité (elle rassemble plusieurs apparitions en elle) et comme fonction d'identité (elle est ce qui définit une chose). Ce qui montre cette possibilité de dégager du commun, du stable, malgré la diversité de nos impressions sensibles, c'est le langage même.
Or, en ce cas, il y a comme un iatus entre ce que je vois et ce que je juge (ex du cube d'Alain). Ce qui est le plus pleinement, c'est l'essence, ou l'idée, et pas l'apparence. Il existe des degrés de réalité.
> La Republique, VI, 509d-511a : la ligne : il existe 4 niveaux de réalité, qui correspondent à 4 niveaux de connaissance (voir schéma). La forme ou l'essence possède le degré le plus fort de réalité.
Juste après cet exemple de la ligne, Platon décrit l'allégorie de la
Caverne : il faut se détacher des apparences sensibles (images) pour peu à peu approcher de l'essence même des choses.
(c) Or, faut-il nécessairement distinguer en une chose des attributs essentiels et des attributs accidentels ? L'apparence est bien plutôt notre seul moyen de connaître une chose : pouvons-nous dépasser les