Recueil
« L’Albatros »
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Étude de l’Albatros, de Charles Baudelaire
Ce poème est extrait de "Spleen et idéal", la deuxième partie du recueil Les Fleurs du mal, écrit par Charles Baudelaire, en 1857. De ses quatre quatrains, le plus remarquable, le plus intéressant est certainement le dernier qui parle de la difficile condition du poète au XIXème siècle. Selon Baudelaire, la place du poète dans la société est symbolisée par un albatros : majestueux dans le ciel, son élément, mais ridicule sur terre et au contact des hommes. De même, le poète se situe au-dessus du commun des hommes pour ses poèmes, mais mêlé à la foule, il n’est rien. Baudelaire faisait ainsi partie de la génération des poètes maudits, c’est-à-dire non compris et ignorés par les gens de son époque.
Ce poème est fondé sur une double comparaison : l’albatros est personnifié étant donné que le poète est comparé à l’oiseau. Grâce à un réseau de personnification, les trois premières strophes comparent l’albatros à un roi déchu ("roi" vers 6), à un voyageur ailé arraché au ciel. La quatrième strophe explicite le symbole en faisant du poète, par une comparaison et une métaphore hyperbolique, un "prince des nuées" (vers 13) aux "ailes de géant" (vers 16). Exilé parmi les hommes, la vie de l’albatros apparaît donc comme une parabole qui définit l’existence du poète. Le poète et l’albatros sont associés dans la dernière strophe et cette association provoque une nouvelle interprétation du poème : le voyageur ailé devient le poète, les hommes d’équipage : la société.
L'albatros est évoqué dans toute sa grandeur comme le confirme l'enjambement des vers 1 et 2 qui suggère l'immensité des espaces que l'albatros a à parcourir. Cette notion de grands espaces est renforcée par l'hypallage du vers 2 ("vaste oiseau des mers" = oiseau des vastes mers). Au-dessus de l'horizontalité médiocre qui symbolise la société, l'oiseau donne une impression