Réécritures poétiques de la fable
8041 mots
33 pages
Chez Aristote déjà, la réécriture est considérée comme un phénomène fondateur de la littérature, mais, depuis 1920 et les formalistes russes, elle fait l’objet d’un regain d’attention. L’intertextualité devient une notion fondamentale en analyse littéraire et les définitions se succèdent : du dialogisme de Bakhtine et des travaux de Julia Kristeva pour qui «tout texte se construit comme mosaïque de citations, tout texte est absorption et transformation d’un autre texte », en passant pas R. Barthe selon lequel « tout texte est intertexte, d’autres textes sont présents en lui à des niveaux variables, sous des formes plus ou moins reconnaissables » ou encore, M. Riffaterre qui voit l’intertextualité comme « la perception par le lecteur de rapports entre une œuvre et d’autres qui l’ont précédée ou suivie » pour en arriver à G. Genette qui appelle transtextualité « tout ce qui met le texte en relation, manifeste ou secrète, avec d'autres textes ». Dans Palimpseste, il cherche à fonder en théorie les différentes formes de relation par lesquelles « l’œuvre littéraire peut se construire en se référant à d’autres œuvres, en les imitant comme dans le pastiche, ou en les transformant comme dans la parodie » ; ces deux formes, pastiche et parodie, étant les manifestations les plus visibles de ce vaste phénomène.
Le corpus d’étude est constitué de sept textes et d’un document iconographique : La cigale et les fourmis de Esope (VIe siècle avant JC), La cigale et la fourmi de Jean de La Fontaine (1671), La cigale de Jean Anouilh (1962), La fourmi et la cigale de Jean Anouilh (1962), un texte de Andrée Chédid (1973), La fourmi et la cigale de Françoise Sagan (1989), La cigale et la fourmi de Pierre Perret (1991), accompagnés de deux planches de la bande dessinée de Gotlib, La cigale et la fourmi, Rubrique-à-brac (1970).
Ce corpus, d’une grande amplitude diachronique, présente une cohérence générique évidente puisque tous les documents relèvent du genre de la fable mais aussi