Spatialisation du corps
Le corps virtuel en danse
Cunningham dont les conceptions esthétiques se situent à la croisée de la danse moderne et postmoderne, est très tôt fasciné par le mouvement corporel. Sa quête du mouvement pur
- mouvement débarrassé de tout psychologisme, de toute logique narrative - l’amène à voir dans les technologies nouvelles un moyen privilégié de nourrir ses processus de création. Il est un des premiers chorégraphes à utiliser l’image vidéo dans son travail. Mais il est aussi et surtout celui qui co-créera avec des chercheurs en informatique de l’université Simon Frazer aux USA un logiciel de composition chorégraphique nommé Life Forms en 1989.
Ce logiciel possède trois rôles. Le premier est de pouvoir enregistrer des exercices ou des enchaînements à partir de cellules chorégraphiques informatisées se substituant aux notations choréologiques. Le deuxième est de générer à partir de ces données une chorégraphie originale et aléatoire, ce qui constitue la base du travail historique de Cunningham. Enfin le troisième est de créer des images à partir de capteurs de mouvements posés sur les danseurs et traités par l'informatique.
Merce Cunningham affirme « avec le logiciel Life Forms, vous tester des combinaisons de mouvements qui seraient impossibles pour un vrai danseur, vous pouvez isoler les différentes parties du corps, fractionner leurs mouvements, les recombiner différemment. C’est souvent là que le regard s’électrise ».
Quand je chorégraphie avec Life Forms, dit Cunningham, je commence par mettre au point les mouvements à partir du jeu avec le logiciel. [...] Ensuite je les donne à essayer aux danseurs. [...] Dans mes débuts avec Life Forms j’arrivais à quelque chose d’un peu aberrant ( une possibilité vraiment incongrue ), je le regardais, et me disais : « Voyons ce qu’il y a de possible là-dedans et selon quelles conditions » [...]. Ensuite, il y a la façon dont mes danseurs s’approprient les mouvements,