René Guy Cadou a vécu une épiphanie lorsqu’il a rencontré son épouse Hélène. Et c’est pour cette raison qu’il souhaite partager avec le reste du monde la révélation qu’il a connue. Dieu n’est pas dans le ciel, pour lui le poète il est dans l’harmonie et la beauté des gestes de tous les jours. Il procède méthodiquement en montrant dans le poème « J’ai toujours habité » ce qu’il était avant la révélation qui l’a complètement transformé.
« Ma vie ne commençait qu’au-delà de moi-même
Ébruitée doucement par un vol de vanneaux
Je m’entendais dans les grelots d’un matin blême
Et c’était toujours les mêmes murs à la chaux
La chambre désolée dans sa coquille vide
Le lit-cage toujours privé de chants d’oiseaux »(« J’ai toujours habité »)
Le lecteur se fait donc témoin de son existence passée non pas malheureuse, mais plutôt terne en comparaison de l’existence pleine de joie qu’est devenue la sienne. Et il s’efforce de partager avec le reste du monde le nouvel idéal qu’il a atteint. En effet, il déclare :
« Ô, poésie, écarte-toi de ton miroir ! Je parle pour