Le poète est-il uniquement un exilé du monde
Certes, la condition du poète est celle d’un exilé dans le monde.
Dans un premier temps, cet exil peut être forcé, contre sa propre volonté. En effet, c’est le cas de Joachim Du Bellay qui nous fait part, dans les Regrets, de sa nostalgie pour la France qu’il a quitté depuis quatre ans pour être le secrétaire de son oncle à Rome : cet isolement ne lui inspire, désormais, plus que du dégoût et des regrets « entre les loups cruels, j’erre parmi la plaine ». Mallarmé représente, quant à lui, dans « Brise marine », extrait de son recueil Poésies, le vide et l’absence qui hantent sa conscience : autre signe d’exil et de solitude. De plus, d’autres poètes évoquent par le nom même qui leur a été attribué des êtres proscrits de la société : ce sont les poètes maudits. Verlaine en est l’un des précurseurs avec par exemple Sagesse dans lequel il nous laisse entrevoir ses rêves de liberté et sa nostalgie de l’innocence. Il nous livre, en effet, une autre vision de l’exil plus en relation avec l’impossible à obtenir, l’irrévocablement passé. De même, Edward Allan Poe, un autre poète maudit, grâce à Rêve dans un rêve